Top Gun

Je m'étais donc fait depuis si longtemps à l'idée que tu ne me pardonnerai jamais que j'en avais même oublié qu'il puisse exister quelqu'un auprès de qui je puisse éprouver le moindre besoin de me faire pardonner quoi que ce soit.

J'étais dans cette amnésie lorsque je t'ai croisée en compagnie d'étienne Gxxxxxx, et de l'Autre sur la terrasse de l'aérodrome de Lalbenque. L'Autre, je n'en dirais rien, ni son nom, ni même son prénom. Je me rappelle parfaitement tant du nom que du prénom, ils commencent tous deux par la même lettre, mais je ne dirais rien, et ne ferais pas le moindre commentaire.
Enfin, si, juste un : j'aime beaucoup le concept audacieux qu'il a choisi pour le site internet de sa société (je suis désolé...).

Tu te souviendras peut-être de l'année mieux que moi, qui ne m'en souviens pas du tout, non pas que je crois que cette rencontre t'ai particulièrement marquée, mais simplement parce que je suppose que tu sais mieux que moi quand tu étais à Blanquefort.
Or donc je sortais du local de l'aéroclub en compagnie de mon père qui avait repris l'aviation. Je profitais de ses heures de vol comme passager. Et là, pouf, qui je vois ? L'Unique, la Drogue, la Fenêtre, le Dessin, bref Toi.
Ah, pourquoi pas, elle a bien le droit d'être là... Ouais, bon, elle est originaire du coin comme moi, pas de quoi en faire un fromage.
Il me suffit de passer à côté ni vu ni connu et c'est plié.
Mais c'est là j'ai vu les deux autres, dont surtout l'Autre...

J'avoue : c'est une crise de jalousie qui m'a poussé à m'imposer. J'ai profité de connaître le serveur (bénévole, un ancien pilote d'hélicoptère, un as plusieurs fois décoré, mort depuis, dans son lit, paix à son âme) pour jouer au macho et te faire servir en priorité.
J'ai parié sur le fait que tu n'allais pas faire ta mauvaise tête pour ne pas avoir à expliquer aux deux autres une attitude qu'ils auraient peut-être trouvée étrange. Tu auras peut-être deviné : Je voulais surtout faire passer l'Autre pour pas si efficace que tu pouvais le croire. Etienne en a aussi fait les frais, mais ce n'était pas voulu, seulement une conséquence fâcheuse de ma petite crise.
Au final, ils auront pensé que je cherchais à t'impressionner, ce qui était en partie vrai aussi, j'avoue.

C'est là que tu as dit être « passée de l'autre côté de la barrière » en devenant enseignante.
Avec mes deux parents enseignants, la fameuse barrière a toujours été pour moi plus une ligne de chaux sur le gazon qu'une barrière. C'est là aussi que tu as dit être à Blanquefort. Je m'en souviens bien, non parce que ce détail m'intéressait outre mesure, (j'ai décidé de tout te dire, alors je te dis tout), je m'en souviens parce que ça ressemblait à "Roquefort", en deux mots !
Des fois j'ai des associations d'idées qui manquent de subtilité, je te l'accorde.

Je t'ai quittée tout content d'avoir été méchant, me fichant complètement de l'impression que j'avais laissée.
Deux minutes après, j'avais tout oublié.

En fait, ce n'était pas oublié du tout, finalement, mais c'était franchement enfoui bien profondément.