Machine à remonter dans le temps. Tant qu'a en construire une, autant lui donner de la gueule.

Slow Retour

hallucination

Je commençais tout juste à un peu pressentir que la situation était anormale quand je me suis retrouvé le visage enfoui dans ton cou, tout faible, tout mou, vidé, avec des picotements au bout des doigts.

Je voulais des sensations fortes, j'ai été servi : j'ai été victime d'une hallucination.

J'ai été victime d'une hallucination, pas d'un rêve, ni même d'un rêve éveillé, non, d'une véritable hallucination.
J'ai vraiment VU ce que je te dis. Je ne l'ai pas imaginé, je l'ai vu. Sauf qu'en fait c'était mon cerveau qui disjonctait. Sur le coup, tu ne t'en aperçois pas, évidemment, c'est le propre d'une hallucination, et ce qui en reste c'est ce que tu as vu.

C'est le genre de phénomène provoqué habituellement par les drogues chamaniques, ou chimiques, si j'en crois la littérature, sauf que ce soir là, la drogue c'était toi. Une drogue dure, dans tous les sens du terme : qui fait un effet bref et intense - impitoyable - dont l'effet se prolonge dans le temps.
J'ai eu toute latitude de constater l'ensemble de ces aspects par la suite.

J'ai halluciné une seule fois, cette fois là, et je t'assure (si tu n'as jamais essayé..) que le changement de réalité est totalement imperceptible. Sauf que la réalité véritable, elle, ne change pas. Donc les hallucinogènes, c'est bon pour faire de grosses bêtises...
Je ne sais pas si c'est l'expression « être submergé par une vague d'émotion » qui m'a provoqué cette hallucination ou bien si l'expression vient du fait que d'autres avant moi ont eu cette expérience là, et que c'est ainsi que s'est forgée l'expression, mais toujours est-il que c'est exactement ce qui m'est arrivé.

Or donc j'étais revenu contre toi et j'avais des picotements au bout des doigts. Les picotements au bout des doigts, je connaissais ce symptôme, ça m'était déjà arrivé deux fois par le passé, à chaque fois pour cause d'une image impressionnante, du genre médicale, le type même que les journalistes préviennent avant de passer à la télé (mais que l'on veut quand même regarder quand on est môme, alors qu'il ne vaudrait mieux pas...). Après les picotements, je savais fort bien ce qui allait se passer : évanouissement, garanti sur facture. A ce moment là, je ne me sentais pas bien DU TOUT.

C'est alors que j'ai pensé que si je m'effondrais dans tes bras je passerai à tes yeux pour le dernier des derniers des moins que rien. J'avais tout faux, je l'ai compris depuis, mais sur le coup c'est ce que j'ai pensé.
Passer pour une mauviette aux yeux de la seule auprès de qui je ne voulais surtout pas passer pour un gringalet, c'était hors de question, inenvisageable, parce que je ne voulais surtout pas te décevoir.
Je me suis dit : « Elle a envie de la même chose que moi et je ne vais pas tarder à m'évanouir : il faut que je l'embrasse avant. Il FAUT que je bouge, là, maintenant. »
Zeu kissCela m'a redonné juste assez de lucidité pour m'extraire de ton cou, te regarder droit dans les yeux... et manquer de courage.
Au secours, je n'y arriverai jamais, misère...
Heureusement que... heureusement que tu n'as pas soutenu mon regard : tu as détourné les yeux, une fraction de seconde, c'est ce qui m'a décidé à me jeter sur toi comme un écureuil sur des noisettes.

Je prends le pari qu'au podium de ceux qui t'ont le plus mal embrassée, c'est moi qui suis sur la plus haute marche. Je me rappelle que mes lèvres ont à peine effleuré quelque chose d'immensément doux et frais... puis de t'avoir lâchée, de t'avoir abandonnée sur la piste (lamentable, j'ai été lamentable...) parce qu'il me fallait urgemment fuir pour aller m'asseoir contre un mur (ainsi on ne me verrait pas défaillir...).
Et c'est le black-out, comme prévu.

J'ai longtemps pensé que j'étais resté hors service plusieurs minutes. Je me suis aperçu, quelques années plus tard, en fac, à l'occasion d'un autre évanouissement (tout seul, confortablement assis dans un fauteuil au cinéma...) que ce n'était sans doute pas le cas. J'ai revu le film en question en vidéo quatre ou cinq ans plus tard avec des amis (donc bien APRES t'avoir croisée à Toulouse à la soirée d'Emmanuel Cxxxxxxx...) : entre le début de la scène m'ayant mis HS (une scène traîtresse qui prend le spectateur par surprise, tout de même...) et les premières images dont je me rappelle au sortir de la syncope il s'écoule... même pas dix secondes !
A priori, pour toi, je t'ai larguée au beau milieu d'un slow après être arrivé à mes fins, comme le pire des goujats, et je suis allé m'asseoir contre un mur.
C'est vraiment comme dans la chanson, je n'étais pas un géant, j'ai même carrément été un nain.
Mais la soirée ne s'est pas terminée là, et j'ai été encore plus goujat envers toi... (glou glou, allô le fond ? ici sylvain : j'arrive...)

Donc j'étais assis quand j'ai recouvré mes esprits, mais je n'ai pas dû les recouvrer complètement tout de suite parce que mes souvenirs sont incompréhensibles. Tu étais assise à l'autre bout de la salle mais j'entendais parfaitement (?) ce que tu disais, malgré la musique.
Ca cloche : je devais être près de toi mais un peu dans les vaps, mélangeant les images et le son... Bref, pour moi tu étais donc à l'autre bout de la salle, mais je t'entendais parfaitement. Tu discutais avec Jean-Noël Rxx (la mémoire, c'est un truc fascinant : je vois encore la scène !) et ça donnait ça :

JNR : (s'asseyant à ta droite) Alors ?
Toi : Sylvain m'a embrassée...
JNR : Oh ?! [C'est pas vrai, tu dis ça pour me faire marcher, hein, tu l'as quand même pas laissé faire ça ?!]
Toi : Mais siiiii ! [Mais dis donc, tu crois que je n'en suis pas capable ? Ou que lui ne l'est pas ? Si je te le dis, c'est que c'est vrai et tu vas faire avec.]
JNR : (se lève et s'en va)

Sur le coup j'ai pensé que tu avais fait un pari avec lui : je tombe le premier de la classe. Mais le premier c'était philippe Cxxxxxxx. Je ne vois pas l'intérêt d'un pari consistant à tomber le deuxième. Il ne me semble pas non plus que ce genre de chose puisse faire l'objet d'un pari. Je ne trouve pas vraiment d'explication à ce dialogue. J'ai parfois de l'imagination mais là je sèche. Il y a éventuellement l'explication prétentieuse où tu aurais en fait attendu que je t'invite par envie réciproque mais même cela n'explique pas tout. Il me manque irrémédiablement une clef, ou tout simplement ce dialogue n'a jamais existé que sous forme d'un souvenir totalement artificiel, résultat de neurones en salade, même s'il me semble aussi réel qu'un souvenir réel puisse l'être.

Après ce dialogue, plus rien.
Je ne sais plus trop ni ce que j'ai fait ni ce qui s'est passé, sauf deux moments :

  1. Il y a eux trois loubards qui ont voulu s'imposer dans la soirée. Je me suis rapproché de la porte où ça discutait et je me suis assis sur une table en les fixant, prêt à leur sauter sur le poil s'ils devenaient trop agressifs, l'espérant presque pour avoir éventuellement l'occasion de redorer mon blason à tes yeux. Ils ont fini par décamper devant la froideur de l'accueil et le petit mur de teigneux qui s'était formé devant eux.

  2. Quand la soirée a été terminée, tu allais dormir chez Isabelle Sxxxxx. On était dehors, il faisait frais, je me sentais minable de chez minable, et quand je t'ai dis bonsoir j'étais si nerveux et honteux qu'un horrible rictus m'a échappé qui m'a rendu encore plus minable. Genre le macho qui a mis un trophé de plus à sa galerie et qui se fout de la gueule de son trophé par dessus le marché.

La-men-ta-ble !
J'ai été lamentable...
Pardon.

Pour le reste de l'année de Première, et l'année suivante de Terminale, te cotoyer a été un paradisiaque enfer. L'expression est complètement contradictoire mais je ne vois pas d'autre qualificatif. Je vais te donner les exemples les plus marquants vécus dans cet infernal paradis perdu.

vers le passé temps présent vers le futur
premiere_c_d première c d première cd
Appuyer sur le bouton pour voyager vers le passé   Appuyer sur le bouton pour voyager vers le futur
pré-sélections
destination : épisode Le Placard
destination : épisode The Slowdestination : épisode Vague Slowdestination : épisode Slow Retourdestination : épisode Pas Touche Minouchedestination : épisode Castellano
destination : épisode Aux Piedsdestination : épisode Soleil Noirdestination : épisode Fenêtre sur courdestination : épisode Histoire d'Eaudestination : épisode Dessindestination : épisode Invisible
destination : épisode Tourbillon
destination : épisode Top Gundestination : épisode Gare