Machine à remonter dans le temps. Tant qu'a en construire une, autant lui donner de la gueule.

Castellano

le chemin des incas

Ah... ça c'est un épisode spécial, un coup tordu de chez Tout-En-Biais, une machination machiavélique où je me suis vengé-défoulé. En public, histoire de ne pas passer pour un timoré qui n'ose jamais quoi que ce soit.
Bon, d'un autre côté, avec des plans aussi pas possibles on montre à quel point on est transi, mais on ne peut pas tout avoir. Quand on est incapable de faire les choses simplement, c'est handicapant, certes, mais d'un autre côté, en compensation, parfois il y a le don d'échafauder les manigances les plus improbables, celles qui n'ont pas la moindre chance de succès mais... qui marchent.
Pour la victime, c'est épouvantable parce que c'est indevinable, imparable, c'est le marteau de Thor qui surgit du ciel et qui l'écrabouille. Et là, j'ai vraiment beaucoup à me faire pardonner parce que je t'ai vraiment écrabouillée. Si ce n'a pas été le cas, tant mieux pour toi mais l'intention y était.

Or donc cela s'est passé en cours d'espagnol. Je crois que tu dois déjà savoir de quoi il s'agit.
J'avais lu dans une revue à laquelle mes parents étaient abonnés à l'époque, un article sur une expédition au Pérou, à laquelle participait une prénommée cécile.
J'étais tombé en arrêt sur un titre de paragraphe : « Et Cécile se roule dans l'herbe ».
Amusant. J'aurai bien aimé voir une autre prénommée cécile se rouler dans l'herbe, mais j'avais foiré en beauté donc il ne fallait pas y compter. Zut alors...
Ce qui m'avait vraiment fait frétiller, c'était la toute première phrase juste dessous. Elle m'a frappée à ce point que je la sais encore par coeur (si je pouvais aussi bien me rappeller de tous les numéros de téléphone, adresses et autres ribambelles de données, ce serait super !). Voici ce qui était écrit : « Ouf, c'est parti, je me détend un peu. Il n'est pas de tout repos d'avoir une telle organisation sur les épaules mais l'expérience en vaut la peine ».
Il faut avoir l'esprit tarabiscoté, je te l'accorde, pour faire dire à ce passage ce qu'il ne dit absolument pas. Mais bon, si moi j'avais pensé grivois, les autres devraient sans doute y penser aussi, et parmi les autres il y avait toi.
Il eut été amusant de te faire lire cet article en surlignant ce passage et de guetter ta réaction, plus amusant encore de faire cela devant toute la classe (tu ne te gênais pas pour m'envoyer ballader, c'eut été l'occasion d'un peu me rebiffer). Par contre, je ne voyais pas du tout comment faire pour te mettre cet article sous le nez et qu'il soit ensuite aussi lu par tous les autres, donc j'ai laissé tomber aussitôt après en avoir caressé l'idée.
Sauf qu'il s'est présentée une opportunité d'y arriver lors du premier cours d'espagnol qui a suivi : j'ai sauté sur l'occasion comme la misère sur les pauvres.
Des fois, je suis désespérément lent à la détente, d'autres fois, c'est fulgurant (et j'ai les pires difficultés à adopter une vitesse médiane). Là ce fut fulgurant.

Le sujet traité dans l'article a été abordé en cours d'espagnol. C'était inespéré...
L'occasion faisant le larron, j'y ai vu un signe : Sylvain, tu dois le faire... Donc j'ai annoncé que j'avais lu un article sur le sujet, article qui en parlait plus en détail, et que donc j'allais amener le dit article au prochain cours. L'annonce est passée comme une lettre à la poste. Tu sais comme sont les professeurs, toujours prêts à encourager les initiatives des élèves, c'est pas à toi que je vais l'apprendre. Moi je le savais parce que mes parents étaient enseignants tous les deux, alors j'avais l'avantage de savoir quels étaient les risques que je pouvais prendre surtout quand en fait il n'y avait pas de risque.

La semaine suivante, je me pointe avec mon marteau de Thor fin prêt : l'article précautionneusement découpé et relié, passage adéquat relativement discrètement souligné de rouge, et je me place devant la cécile dont ne parlait pas l'article.
Tout naturellement, j'annonce que j'ai apporté l'article dont j'avais parlé la semaine précédente. Pour éviter que notre chère professeur y jette un oeil, je passe immédiatement l'article non pas à toi en premier, non, non, ce n'aurait pas été assez méchant, mais, le hasard faisant bien les choses, je le passe à ta copine juste à ta droite, placée en plus comme un fait exprès tout en bout de rangée.

La studieuse demoiselle se fait donc un devoir de commencer à lire et tombe rapidement sur le passage piégé. La grande surprise fut de la voir relever subitement la tête et me fixer en arborant une mine effrontément amusée, j'aurai même tendance à dire admirative (si, si, je t'assure : admirative).
Je me suis même payé le luxe de lui déclarer, assez fort pour que tout le monde m'entende (et se demande de quoi je parlais, histoire de susciter leur curiosité pour l'article), que c'était du « détournement d'information ».
Donc au bout d'un petit moment elle te passe l'article. Evidemment tu tombes sur le piège...

Ah que c'était bon d'ignorer ce qui pouvait bien te passer par la tête à ce moment là ! Moi, je jubilais (pardon pardon pardon...). Forcément, tu ne t'es pas vue et pour tout te dire, je ne t'ai pas trop vue non plus parce que tu avais la tête penchée et que tu bougeais à peu près autant qu'un personnage du musée Grévin.
C'est sûr qu'il n'a pas été question de mine effrontément amusée dans ton cas. (vraiment, je suis désolé, et encore plus désolé de ne rien regretter du tout). Mais tout cela n'était rien par rapport au plaisir sadique que j'ai pris à te regarder passer l'article à ton voisin (ou voisine ? J'étais trop occupé à te regarder toi).

marionetteLà, c'était épouvantablement jouissif, carrément (je ne vais pas encore te demander pardon pour ne pas te lasser mais il le faudrait pourtant). Je ne t'ai jamais plus vue bouger aussi délicatement (à moins que je ne t'ai jamais plus regardée aussi intensément ?), tu étais comme un automate vivant.
J'ai bu la plus petite parcelle de tes mouvements avec délectation, surtout quand tu as ramené tes longs cheveux sur ton oreille (tu m'as toujours mis en transe avec ce geste là, tant qu'à tout t'avouer, je t'avoue tout...)
Cela va te paraître grandiloquent, ou absurde, ou tout ce que tu voudras, mais j'ai éprouvé une fugace sensation absolument extatique de Pouvoir, illimité, celui de pouvoir te faire bouger au doigt et à l'oeil, comme une marionnette, de pouvoir t'obliger à faire ce que moi je voulais que tu fasses, totalement indépendamment de ce que toi tu pouvais bien vouloir faire à ce moment là.
A la réflexion c'était une version intellectuallisée du slow où j'avais pas assuré du tout. C'était devant plus ou moins le même groupe, et hormis le contact et la durée (et ta bonne volonté...) je te tenais tout aussi fermement.
Quel pied ce fût...

Je comprend que le pouvoir puisse être une drogue pour certains hommes politiques.

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