The Slow |
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Contrairement aux deux Secondes, il n'y avait qu'une seule Première (scientifique), avec l'excellente surprise de t'y cotoyer et l'opportunité de constater que, décidemment, il y en avait vraiment une qui surpassait les autres.
Or voilà qu'un jour, quelqu'un a (ou quelques un ont...) eu la brillante idée d'organiser (fort bien d'ailleurs) une petite boum inter-Premières, à laquelle je me suis inscrit les yeux fermés, uniquement parce que, je l'avoue, tu y serais peut-être.
Voilà pour l'introduction de l'épisode, mais c'est hélas un épisode pas glorieux pour un sou, celui où je n'ai pas été à la hauteur, mais alors pas du tout, du tout, celui où j'ai vraiment bien foiré. A défaut de pouvoir me pardonner d'avoir été en dessous de tout, tu vas au moins pouvoir comprendre pourquoi je l'ai été.
La petite sauterie se déroulait donc tout à fait normalement et, à ma grande surprise, ça se passait plutôt bien pour moi. C'est bête à dire mais c'était ma première sauterie et je n'avais aucune idée de comment j'allais m'y débrouiller. J'étais curieux de voir si j'allais réussir à m'y amuser mais à priori oui, parce que contrairement aux mariages où je faisais tapisserie, là je connaissais tout le monde et il n'y avait pas besoin de maîtriser le moindre pas de danse pour se laisser aller à se trémousser en rythme. Donc je découvrais les joies du trémoussage et m'apercevais que je ne me trémoussais pas plus mal que les autres. Ca allait même tout seul, c'était super.
Voilà que la soirée s'avance, et que le grand manitou des platines décide qu'il est temps d'autoriser quelques rapprochements par affinités. Série de slows. Pas habitué du tout vu que c'était ma toute première du genre, j'ai laissé passé un peu de temps pour voir comment s'y prenaient ceux qui étaient apparemment rompus à ce genre d'exercice. Ca avait l'air simple : il suffisait d'inviter une fille, et souvent ceux qui invitaient se contentaient de tendre la main. Une technique à copier au vu du taux de réussite. A voir la tête de ceux qui se collaient, ça avait aussi l'air bigrement agréable. Bon, évidemment, il y avait plein de risques : celui de se faire jeter en invitant une demoiselle, celui que ce ne soit finalement pas agréablement partagé, celui de marcher sur les pieds de sa partenaire ou d'emplafonner un autre couple et de passer pour pas doué. Mais le jeu en valait la chandelle.
J'ai jeté mon premier dévolu sur une timide, en me disant que tout de même je n'étais ni le plus bête ni le plus moche et que donc il n'y avait pas trop de risques de me faire jeter. Ca a marché, et j'ai testé comment ça se passait au point de vue des mouvements. C'était beaucoup plus simple que je ne le craignais. Ca roulait quasiment tout seul. Merci mademoiselle X d'avoir essuyé le premier plâtre.
Deuxième essai, mais cette fois pour tester un peu côté étreinte...
Là il fallait jeter son dévolu sur une demoiselle appétissante, pour avoir un petit peu envie de la serrer d'un petit peu plus près, mais il fallait aussi une demoiselle qui me trouve appétissant de même. Mmmm... Laquelle ? Parce que des demoiselles appétissantes, il y avait le choix, mais pour trouver l'adéquate parmi celles-là, le choix était beaucoup plus hasardeux. Je déambulais donc, dubitatif, ne voyant même pas les demoiselles que je ne jugeais pas assez appétissantes (là, c'était vraiment pas sympa du tout de ma part) quand je la vois. Oui, avec Elle (non, c'était pas toi) je devais pouvoir tenter ma chance. Aussitôt dit, aussitôt fait.
Et donc je tente de serrer un peu, et plus je serre... plus Elle me serre ! Diable, mais c'est absolument divin... Et si je relâche un peu ? Ben... elle relâche, un peu plus ou un peu moins. Et c'est toujours aussi bon à chaque fois. Même si c'est à chaque fois (presque) la même chose, c'est génial... Quand la musique se termine, la demoiselle s'écarte avec un sourire jusqu'aux oreilles et me gratifie d'un grand Merci ! en frétillant. Nooon ?! Si ! Ah ben ça, pour une surprise, c'est une surprise...
Il va falloir tenter le bécotage. Si moi je n'ai enchaîné que deux slows d'initiation, d'autres sont manifestement plus aguerris et ça se bécote de çi de là... Le bécotage, j'ai déjà essayé... même si mon expérience se limite à une seule demoiselle, une allemande, en Angleterre. Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué, je vous le demande... C'était pas tellement que j'en avais terriblement envie (un peu tout de même, parce qu'elle était plutôt mignonne), mais envie juste suffisamment pour se dire qu'il serait dommage de ne pas profiter des envies de la dite allemande, qui voulait manifestement accrocher un français à son tableau de chasse. L'expérience avait montré que le bécotage, c'était très agréable. Combiné au slow, je me disais "ça doit décaper !"
Oui mais voilà, ce soir là, après deux tours de chauffe, j'ai décidé qu'il n'était pas question pour moi de jeter mon dévolu sur une demoiselle juste "pour essayer" ou pour "faire comme les autres". Pas question de me contenter de la première souhaitant m'épingler à son tableau de chasse, à supposer qu'il y en ait une.
Pour le grand slow, j'en veux une qui me fasse VRAIMENT envie.
J'ai bien été obligé de me rendre rapidement à l'évidence : il n'y avait, parmi toutes les demoiselles présentes, qu'une seule demoiselle qui m'attirait VRAIMENT. Une seule que j'avais vraiment envie d'étreindre. Une seule avec qui j'avais vraiment envie de risquer à me laisser couler jusqu'à ses lèvres. Une seule avec qui il me semblait que la chose pouvait avoir un réel intérêt.
Une.
Pas deux, et encore moins cinquante, une et une seule.
La seule à avoir du sel.
Toi Sinon RIEN. |
Et ça, c'était très angoissant. J'allais être anéanti si tu déclinais simplement mon invitation ou si je tardais à t'inviter (n'était-il d'ailleurs pas déjà trop tard ?)
Je t'ai cherchée dans la salle et tu étais seule, manifestement dans l'attente d'un cavalier. Ouf... Cela m'a cependant paru étrange parce qu'à mon avis tous les autres pensaient comme moi, qu'il n'y en avait qu'une, ce qui aurait dû faire une concurrence effrénée et aurait en théorie dû me mettre déjà sur la touche. Sauf qu'en pratique ça n'avait pas encore l'air d'être le cas. Alors, dévoré d'inquiétude, je t'ai invitée.
« Ah, sylvain... »
Comment ça, « Ah, sylvain... » ?! On dirait qu'elle a eu l'air... non seulement pas surprise que je l'invite (ça, c'est normal, elle sait que tout le monde ici a envie de l'inviter...) mais elle n'a pas non plus le moins du monde eu l'air réticente. J'ai eu de la chance... On dirait même que c'était « Aah, sylvain... [Tu te décides enfin ! C'est pas trop tôt : j'ai failli attendre...] »
Ensuite, je me suis très rapidement retrouvé flottant sur un petit nuage, avec entre mes bras la seule qui en vaille la peine. Dont je pouvais faire ce que je voulais. Dans la limite de ce que je voulais en faire à l'époque.
Je ne sais pas si pour toi c'est comme dans la chanson « Dix ans plus tôt » de Michel Sardou...
Te souviens tu d'un slow
Dix ans plus tôt
Déjà dix ans...
(Sauf qu'en l'occurrence c'est plus de vingt ans...)
...mais pour moi c'est vraiment :
J'n'étais pas un géant. J'étais plutôt gêné. Quelle drôle d'idée ! Danser c'est suffisant. |
J'étais donc sur mon petit nuage : je pouvais passer mes mains partout, ce qui était plus que troublant.
Troublant aussi était de te faire onduler à contre-temps de la musique, juste pour vérifier, stupéfait, que c'était bien moi que tu suivais, et non pas la musique. Ah bon, je suis capable de faire ça, tout seul, et du premier coup ?! Etonnant...
Troublant aussi le regard des autres demoiselles tout autour. Parce que si je me laissais aller à fermer les yeux et à m'engoncer dans ton cou, je me forçais aussi (c'était duuuuur !) de temps à autre à regarder autour, juste histoire de ne pas emplafonner un autre couple ondulant. Les nuages, c'est très très fragile, ça se brise pour un rien. Donc je jetais épisodiquement un coup d'oeil aux alentours tout en me faisant les griffes. Et il y avait des demoiselles qui te jetaient des regards positivement ravis et même carrément... envieux. Si, je t'assure, des regards envieux, je n'exagère pas. Non pas qu'elles auraient eu envie de m'avoir moi comme cavalier, non, c'était plutôt qu'elles auraient bien aimé être comme toi avec leur cavalier à elle. C'était littéralement hallucinant (et je pèse mes mots...). Plus je me faisais les griffes, plus je planais.
Mais tout d'un coup...
Tout d'un coup le sol m'a aspiré la vie. Je ne vois pas comment dire la chose autrement de manière simple. La bonne formulation sonnerait un peu trop littéraire : J'ai senti mon âme se liquéfier et les Enfers l'aspirer.
Concrètement, j'ai soudain senti comme si de l'eau se mettait à couler sous ma peau. Brutalement, j'ai eu l'impression de me vider de mon âme, devenue liquide par sortilège, aspirée par le sol, coulant à toute vitesse sous ma peau, dans le cou, les épaules, les bras, les doigts, le dos, le long des jambes jusqu'a la plante des pieds... Le sol me vidait, ça me traversait les semelles et ça disparaissait vers le centre de la terre.
J'ai même entendu le bruit que ça faisait : comme le chuintement de l'eau dans un tuyau, avec moi dans le rôle du tuyau.
Quand ça s'est terminé je me suis demandé....
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