Machine à remonter dans le temps. Tant qu'a en construire une, autant lui donner de la gueule.

Le Placard

affiche du film Les Enfants du Placard

La première fois que je t'ai vue, et regardée, de haut en bas, lentement, tu entrais... dans un placard.

Il y a de bonnes chances pour que tu ne t'en souviennes pas, et si tu t'en souviens je suis bien certain que par contre toi tu ne m'as même pas vu à ce moment là.
C'était en Seconde, au tout début de la rentrée.

Il y avait deux classes de Seconde, face à face, séparées par un minuscule couloir. J'étais dans celle donnant sur la rue, tu étais dans celle donnant sur la cour. C'était dans la mienne qu'il y avait un placard dans lequel on rangeait les cartons à dessins.
le loup de tex averyOr donc voilà qu'une sublime créature inconnue, ambassadrice en provenance de l'autre planète du couloir, capte involontairement toute mon attention en passant le seuil. Il m'a semblé que tu marchais en sachant parfaitement que les yeux de tous les garçons se braquaient sur toi, mais c'était comme s'il y avait un néon allumé au dessus de ta tête proclamant « Je sais que je suis plaisante à regarder mais ce n'est pas la peine de me le faire remarquer et ne m'ennuyez pas avec ça ».
Tu entres donc, te diriges sur ta droite, vers le placard à dessin, en ouvre la porte, penètre dans la sombre caverne dépourvue d'éclairage et, oh désespoir, disparaît à ma vue.
Je n'avais bien entendu pas été le seul à voir débarquer la créature, car voilà qu'un blondinet, élève de ma Seconde à moi, un nouveau qui m'était tout autant inconnu que toi, referme la porte (absurdement pourvue d'un loquet extérieur en guise de poignée) prenant au piège la princesse.
Et que se passe-t-il ? Rien.

Tu n'as tout simplement rien fait, rien du tout, ce qui m'a semblé la meilleure manière de réagir. Puisque justement le blondinet cherchait à te pousser à je ne sais trop quelle réaction, la meilleure réaction pour le frustrer était de ne rien faire du tout, absolument rien. Donc non seulement la demoiselle était fort jolie, fort consciente qu'elle l'était (c'est du moins ce qui m'a semblé) mais en plus elle était... subtilement intelligente.
Ah bon ? Cette combinaison était possible ?!
Jolie, c'était bien (et même... très bien) mais intelligente et subtile en plus... c'était carrément séduisant !

Or donc il ne se passait rien, rien de rien, et cela durait, durait... Et je n'avais qu'une envie : me lever et venir t'ouvrir la porte. Je suppose que je ne devais pas être le seul.
prince à la walt disneydagonMais je n'ai pas bougé, parce que j'étais persuadé que si je faisais ça, j'allais, au vu et au su de tous (et de toutes), me retrouver par je ne sais quelle magie diabolique en costume de Prince Charmant à la Walt Disney, genre qui enfourche son cheval blanc pour voler au secours de la princesse prisonnière dans la tour du méchant (ou en l'occurrence la caverne du dragon). Si je me levais pour t'aider, j'allais passer pour un gros niais qui veut draguer mais que ça marchera pas tellement c'est évident et qu'il n'y a que lui à être assez idiot pour croire avoir la moindre chance !
Je crevais d'envie de me lever et de venir te « libérer » mais je ne l'ai pas fait :-(

Au bout d'un certain temps, qui m'a semblé très très long, mais je ne saurai le chiffrer, le pénible blondinet à fini par comprendre que tu n'en démordrais pas et que tu ne bougerais pas. Vaincu, il a ouvert la porte.
Tu avais les bras croisés, la mine très renfrognée (ce qui était fort compréhensible), tu es restée immobile un petit instant, suffisamment pour que je me sente encore plus stupide que si j'avais bougé, tu es sortie du placard et tu as regagné ta planète en crachant dans ton sillage une péremptoire sentence dans le genre « Les mecs de Seconde C1 sont tous des cons ».
Ta formule était moins abrupte mais c'est le sens qui m'en est resté, bien obligé en plus d'admettre que c'était en partie mérité. Je n'ai pas pu retenir un léger « Oh... » de déception, que j'ai vite réprimé, tandis que les autres ne se génaient pas pour te réprouver bruyamment, ce qui était affligeant.
Je me suis trouvé fort lâche, minable, pas à la hauteur, en colère contre moi-même et catastrophé de devoir admettre que pour toi j'étais désormais catalogué « Moins Que Rien ». Ce qui m'a désespéré.

Par un curieux phénomène, cela a du même coup instantanément totalement éclipsé à mes yeux les charmes de toutes les autres demoiselles des deux classes de Seconde, carrément.
Certaines étaient pourtant plus que fort mignonnes, sympathiques, avenantes et tout et tout, mais... non. Subitement, il n'y avait plus que deux catégories de demoiselles en classe de Seconde : Toi et les Autres.
Les Autres se caractérisaient par un fait absolument fondamental occultant toute considération annexe : elles n'avaient pas ton chien.

C'est tout pour l'année de Seconde.
(Ah tiens... Rien de plus ?! J'en suis le premier surpris dis donc...)
Et on passe en Première.

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