Import-export

Le lendemain, Emile Leray revient aux douanes afin de sortir la moto de la fourrière. Il s'est finalement résolu à la vendre en pièces détachées. Surprise : en guise de formulaire de sortie du territoire, les douaniers lui présentent une amende de 3500 FF pour "délit d'importation d'un véhicule non-conforme". Mais ils lui expliquent qu'une fois l'amende payée, la moto lui sera rendue et qu'il pourra en faire ce qu'il voudra, sauf rouler avec, par exemple la vendre en pièces détachées.

Du coup, Emile Leray n'a plus du tout l'intention de se dessaisir de cet engin qui lui a demandé tant d'efforts et surtout pas de le démonter après avoir passé tant d'heures à l'assembler et dépenser tant d'argent pour pouvoir enfin en disposer en toute légalité. L'ennui c'est qu'il doit rentrer en France et que faire rapatrier l'engin serait hors de prix. Certes, Emile Leray peut se débrouiller pour revenir au Maroc d'ici environ un mois avec un véhicule pouvant accueillir la moto, puis rentrer en France. La question qui se pose est : où diable entreposer la moto en attendant ? Si la fourrière des douanes est effectivement fermée, elle n'est pas gardée et il est bien certain que le temps qu'Emile Leray revienne il ne restera plus de sa moto qu'un vague souvenir. Un des douaniers, fasciné par l'engin et un peu plus compatissant que ses collègues, lui propose d'entreposer l'engin chez lui, gratuitement, le temps qu'il faudra.

C'est sur cette promesse qu'Emile Leray rentre en France, rapatrié en avion par son assurance.

Un mois plus tard, Emile Leray a racheté une autre 2CV et a calculé que les 200 Kg de la moto pouvaient trouver place dedans, à condition d'enlever le siège arrière, la capote, de scier la barre transversale de toit au dessus du coffre, d'installer divers points d'ancrage et de charger la moto roues démontées. C'est donc avec une 2CV spécialement équipée pour le transport de retour qu'il repart au Maroc et a la bonne surprise de retrouver sa moto, intacte, chez le douanier providentiel. Celui-çi est néanmoins fort embêté car il a une mauvaise nouvelle à lui annoncer : son chef ayant appris qu'il gardait la moto lui a expliqué qu'avant de la rendre il lui fallait réclamer à Emile Leray le prix d'un mois de fourrière. En effet, la moto n'est restée en fourrière qu'une nuit mais tout mois entamé est dû !
Il lui faut donc, heureusement pour la dernière fois, se rendre au poste de douane pour s'acquitter de cette amende supplémentaire.

photo C'est donc le coeur (et le portefeuille...) légers qu'Emile Leray rentre en France en amenant avec lui cette extraordinaire et unique moto-2CV. Relativement encombrante à transporter, elle sera peu exposée et seuls quelques rares chanceux pourront l'admirer : salon des inventeurs de St Grégoire, salon de l'aventure à St Jacques de La Lande, salon du livre sur le thème du transport à travers les âges et, enfin, cinquantenaire de la 2CV à St Quentin en Yvelines. Malheureusement placée un peu à l'écart, partiellement masquée par le grand chapiteau, elle ne sera vue que par trop peu de Deuchistes. D'ailleurs la plupart d'entre eux ne croiront pas un seul instant que la "chose" ait pu être assemblée dans les circonstances décrites par le petit panneau explicatif qui l'accompagne (photo 24).

photo La copie du procès verbal à entête "Royaume du Maroc, ministère des finances, administration des douanes et impôts indirects, sous-direction régionale, circonscription d'Agadir, bureau de Tan Tan" (photo 25) ne les convaincra pas plus. La grande majorité de ceux qui inspecteront cette machine resteront persuadés qu'il s'agit là d'un engin construit en atelier par un deuchiste aussi farceur que génial, dans le seul but de mystifier les autres deuchistes !

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