Bike of Africa

Au petit matin, la nuit a porté conseil. Emile Leray a soigneusement examiné les différentes options.

Abandonner la 2CV et partir à pied rejoindre le plus proche village est, d'emblée, totalement exclu. Ce serait pourtant la solution la plus "logique". Malgré une position connue de manière largement approximative, ce ne serait guère qu'une question de quelques jours de marche. L'inconvénient c'est qu'en abandonnant la 2CV, c'est l'assurance de ne rien retrouver du tout soit parce qu'il ne sera pas possible de revenir sur la position exacte soit parce que la 2CV sera entièrement pillée par le premier qui la trouvera. Le désert n'est pas aussi désert qu'il y paraît de prime abord : rien ne s'y perd et tout sert à qui se sert.

Contre toute attente, c'est donc la solution la plus "folle" qui sera choisie : construire un autre engin motorisé à partir de l'épave et n'abandonner au désert et à ses prédateurs que le moins possible de pièces de la 2CV.

Durant la nuit, l'architecture de l'engin à construire est apparue clairement à Emile Leray. Etant donné que le train avant est inutilisable puisqu'un bras est plié, une architecture à quatre, ou même trois roues, est impossible. Reste une architecture à deux roues, donc une moto. La force motrice ne pouvant plus être transmise aux roues par les cardans, elle sera appliquée à une seule roue, motrice, par la seule pièce en mouvement qui soit disponible : un tambour de freins. Celui-çi entraînera la moto en frottant sur un pneu, selon le principe du galet des célébrissimes vélomoteurs Solex.

Emile Leray estime que trois jours seulement seront nécessaires à la construction de sa moto.
(Finalement, il lui en faudra... quatre fois plus !) et il commence sur le champ le démantèlement de sa 2CV afin de sélectionner les différents composants nécessaires à sa future monture.

Oublié, le raid Tan-Tan / Zagora. Oubliée, la promesse des heures de piste dans le ronronnement fraternel du bicylindre. Oubliée, l'ombre bienfaisante de la capote.

Désormais ce sera le séjour moto-2CV "Bike of Africa", ici même, en plein soleil, au milieu de rien du tout.

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