Shipping at low cost
inside a container

Reprinted from a french car magazine.
Know before you go...

Vendre sa Deuche aux Etats-Unis pour payer son voyage ou ses vacances c'est possible, seulement il existe un parcours du combattant pour lequel mieux vaut être super bien armé...
 
Nous sommes partis avec deux Dyane aux Etats-Unis, une pour rouler et l'autre pour un ami américain qui venait de l'acheter en France et qui nous avait demandé de la lui convoyer. Direction Le Havre début juillet pour délivrer les deux Dyane qui partiront dans un conteneur. Aux dires du transporteur, c'est moins cher que la solution dite "ro-ro" (voiture voyageant seule). C'est vrai, mais ce fut une big erreur.
Arrivés à New-York, on s'aperçoit qu'on s'est trompé d'aéroport, si nous avons bien atterri à JFK Airport comme prévu, nous aurions du choisir Newhalk airport, situé à quelques minutes du port. Premières dépenses, on loue une voiture Avis au John F Kennedy Airport. Dans l'état de New-York, les locations sont deux fois plus chères que dans le New-Jersey où se trouve Newhalk airport (80 dollars par jour contre 39 pour la même voiture !). On roule donc jusqu'au New jersey et on s'installe dans un motel près du port. Crevés par le décalage horaire, on verra les formalités demain.
Le port, c'est un machin immense, gigantesque qui s'étend sur des kilomètres et où aucun gardien ne peut vous renseigner... Lassés de tourner en rond, nous retournons au motel pour appeler en France le transporteur. Il nous donne le téléphone de son contact américain. Bon, on sait maintenant où se trouve la compagnie qui a déchargé notre conteneur. On arrive enfin à trouver les bureaux. Là, un énorme type, appelons-le Big Jim, sera notre "contact". Il nous annonce en rigolant que sur les 25 000 conteneurs qui arrivent chaque jour, 350 sont radiographiés au hasard par la douane et que le notre a été choisi... On en rigole aussi jusqu'au moment où il nous annonce que ça nous coûtera 350 dollars. On râle parce qu'on ne comprend pas pourquoi c'est à nous de payer ça puisque la douane n'a rien trouvé d'illégal dans notre chargement ; mais c'est comme ça, si on veut nos voitures, il faut payer.
On se rend donc à la douane (je passe sur les détails pour la trouver...) pour régulariser les papiers d'importation (2 % de taxes sur le prix supposé des voitures) et casquer. On revient dans le bureau du gros. Quand on demande nos voitures, il nous répond que c'est un conteneur qu'on a affrété et que c'est un conteneur qu'on va nous donner. Qu'on doit trouver un tracteur (lui nous fournira le châssis) pour sortir le conteneur du port, à nous de le vider et de lui ramener châssis et conteneur. Mais où trouver un camion tracteur et comment le vider à 1,50 m du sol de deux voitures ? Aussitôt, Big jim nous trouve une boîte avec laquelle sa compagnie est en cheville et qui s'occupera du transport. On s'y rend et on sort encore une giclée de billets verts, la maison Sélect nous déleste de quelques centaines de dollars. On revient voir Big jim avec les papiers pour qu'il libère le conteneur, mais nos ennuis ne sont pas terminés.
- Ah, j'oubliais, nous dit le Bibendum, votre conteneur est ici depuis 19 jours. A 64 dollars par jour, ça vous fait un supplément de 1216 dollars à payer avant de le sortir.
On comprend (enfin !) que tout ça c'est un superbe racket bien huilé entre les compagnies et les autorités. On en discute en français entre nous devant l'obèse qui ne comprend rien et on décide de refuser de payer. On va donc bluffer histoire de marchander...
- Voilà, c'est simple, on n'a pas l'argent, donc on arrête ici les frais, vous gardez le conteneur et les voitures, vous en faites ce que vous voulez, nous on va à la douane pour les avertir...
Comprenant qu'il va se retrouver devant un problème encore plus épineux si on abandonne le conteneur et son contenu, l'énorme tempère, dit qu'il va voir ce qu'il peut faire, passe des coups de fil à droite et à gauche. Pour sauver la face, il nous explique que comme on n'a pas pu être prévenu de l'arrivée du conteneur (et pour cause gros nigaud, on était en France !), sa compagnie accepte de passer l'éponge sur cette somme. Bon, on s'en tire pas trop mal, on a gagné un round. Comme c'est l'heure de partir, on remet toutes les formalités au lendemain.
Le lendemain, on paye à Big Jim la somme exigée pour libérer le conteneur. Seulement, nous annonce-t-il, il y a un déchargement en cours sur un bateau et il n'y aura aucun châssis de libre avant 14 h cet après-midi. On s'incline, bien obligés, et on retourne avertir la compagnie qui se chargera du transport. Hic, on nous annonce alors que nous n'avons pas satisfaits aux contrôles du ministère de l'Agriculture et que sans son tampon, nous ne pourrons récupérer le contenu du conteneur. Nouveaux coups de fils pour trouver l'inspecteur en question qui arrive au milieu de l'après-midi. Entre-temps, notre conteneur a bougé un peu dans le port, il est désormais chez notre transporteur.
L'inspecteur entre dans le conteneur avec une petite lampe électrique et déclare qu'il faut désinfecter les voitures. Nouveau racket : ça coûte 500 dollars par voiture. On doit faire transporter le conteneur dans un endroit spécifique, le percer sur le toit, envoyer le produit de désinfection, refermer le trou et attendre quelques heures que la fumigation fasse effet...
Nous sommes vendredi, il est 16 h, rien ne pourra être fait avant lundi au mieux. On s'accroche comme à une bouée à notre ami américain propriétaire de l'une des Dyane qui vient d'arriver. Il vient à la rescousse, commence à discuter ferme avec l'inspecteur. Avec lui ce n'est plus la même chanson, c'est un gars du pays qui parle l'argot de New-York et qui n'est pas du genre à se laisser compter des salades. L'inspecteur recule, déclare qu'une des voitures est "conforme" (la plus sale en fait !), mais que l'autre doit être passée au jet haute pression pour éliminer la boue sous les ailes parce que ça pourrait contaminer tous les Etats-Unis, tuer ses 250 millions d'habitants, et transformer en un rien de temps le pays en désert avant sans doute de s'attaquer au Canada, puis à l'Amérique du Sud ensuite avant que la Terre n'explose et se transforme en trou noir qui va avaler toute la galaxie... On se demande pourquoi on n'est pas encore dans le couloir de la mort d'un pénitencier...
Le conteneur part alors on ne sait où (on le suit avec la voiture de location). Une fois arrivés, on ouvre les portes et on descend la voiture au sol grâce à un appareil de levage. Voici le "spécialiste" avec son jet, une espèce de Karcher mais moins performant. Il est 17 h 02, il nous annonce qu'il passe en heures supplémentaires, soit trois fois et demi le prix des heures normales. Ben voyons, le racket continue... On commence franchement à la trouver mauvaise ! Il passe deux coups de pissette rapide sous chaque aile avant, totalement inutiles car c'est aussi sale qu'avant (ou plutôt aussi propre car en réalité elle n'est pas boueuse du tout). On paye à contrecoeur pour obtenir le coup de tampon. On est enfin libre. Tout ça nous a pris deux jours et un peu moins de 2 000 euros, soit 1 300 de plus que prévus.
Moralité :
il n'y en a pas au royaume du dollar.

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